vendredi 26 janvier 2007

"Merde d'artiste", "Merda d'artista", Artist'shit".

Les candidats à l'élection présidentielle nous parlent de la "valeur travail". Voici de quoi alimenter (humour facile ! ) le débat.

Et pour ceux qui parlent de concept (tout est concept, coco de nos jours) et de contenu (le contenu des media et autres expressions bien formées).

Une anectode avant de venir au sérieux.

Quand j'étais en primaire, un jour un instit a demandé "Quel métier voulez-vous faire plus tard ?" Un élève venait de répondre "expert comptable" (normal son père était comptable !), le suivant répondit "expert coiffeur" (normal son père et sa mère étaient coiffeurs). Aujourd'hui, ils répondraient "coiffeur concepteur" ou "comptable concepteur".


Savez-vous que Piero Manzoni, artiste italien (1933-1963), a réalisé en 1961, des boîtes de conserve portant une étiquette écrite en plusieurs langues indiquant qu'il s'agit de "Merde d'artiste", "Merda d'artista", Artist'shit".

Une de ces boîtes a été vendue 220 000 Francs à Sothebys. La Tate Galerie à Londres en a acheté une.

Une de ces boîtes a eu des fuites lors d'une exposition. L'expert a considéré que la perte de valeur de l'objet qui était assuré se mesurait à la quantité de matière perdue (les analyses ont montré qu'il s'agissait bien de merde, mais on n'a pas précisé s'il s'agissait de merde d'homo sapiens ou d'un quelconque animal. )
Une acheteuse américaine ayant vécu la même mésaventure s'est vu répondre qu'elle avait acheté le concept et non le contenu.

En 1994, la boite n° 31 a été offerte en cadeau au Musée Pompidou, lors de l'achat à un galeriste parisien d'une toile de Pierre Manzoni. Interrogé à ce sujet, l'ancien directeur du musée a dit que "ce cadeau est un acte civique du galeriste" qui a enrichi le patrimoine national.

Un artiste parisien a ouvert en public une de ces boites avec un ouvre-boite. Il avait acheté la boîte fermée 200 000. Aujourd'hui, la boite ouverte est devenu un objet d'art qui est évalué 400 000 francs (vous convertirez en euros, de tête. Vive le calcul mental !). La boite contenait une deuxième boîte, qui a été laissée fermée. Les rayons x avaient déjà montré que d'autres boîtes contenaient une deuxième boîte. L'artiste interrogé explique que Manzoni n'a pas fait "de la merde", car il y a un "ordre" : une boîte incluse dans une boite, ce n'est pas de la merde mise comme ça dans une boîte.

En termes mathématiques, et surtout dans les années 60, on aurait dit qu'il y a une structure. En informatique nous avons eu "l'analyse structurée", "la programmation structurée" etc. Aujourd'hui, la mode est "à l'objet", mais ça commence à se démoder. Retour en force des "modèles" et surtout du méta. Attention, lecteur non initié, mon ami le jardinier ! par "Méta" on n'entend pas le métaldéhyde plus connu sous la marque déposée en 1953, Méta. Ce Méta qu'on utilisait en camping (il brûle sans laisser de résidu) ou encore pour tuer les limaces au jardin.

Le meta (qui nous vient du grec) en question est celui que l'on trouve dans métaphysique.

Bibliographie :
Michel Onfray, Antimanuel de philosophie, Bréal, ISBN : 2-84291-741-3, 2001, Chapitre "A quel moment une pissotière peut-elle devenir une oeuvre d'art ?" Vous y trouverez page 88, une photographie couleur d'un ensemble de boites de Manzoni (1958)

et sur le web...http://home.sprynet.com/~mindweb/page14.htm

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