samedi 14 août 2010

J'estois hier en Sorbonne, à ouir quelques docteurs

Un passage de l'épître souvent très drôle "A, a, a, nescio loqui" ("A, a, a, je ne sais pas parler") de notre Grand Chancelier Jean Juvénal des Ursins, pair de France, archevêque et duc de Reims, conseiller de nos bons rois Charles V, VI et VII... :


" J'estois hier en Sorbonne, à ouir quelques docteurs. Je n'ai pu m'empêcher de remarquer leur pompe de court, en état excessis, tant des hommes que des femmes, des robes fourres de fines martres, des grosses chaines d'or, et bagues et de grant et hault prix, voire vendues plus le tiers qu'elles ne valent (...) et ont une grande queue [la " grande queue" est la traîne de la toge professorale, qui se portait alors. Aujourd'hui abandonnée] assez pour faire deux robes, voire des chasubles ou chappes à servir Dieu.

Et ou se prent cest argent et or que telles choses coustent ? Je n'ai doute qu'ils le prennent sur les aides que j'octroye à la guerre [la France est en pleine Guerre de 100 ans contre les Anglais]. Hélas ! quelz crimes, delictz et peschez de telz exces, qui sont à la damnation des armes [âmes], ou deshonneur du Roy et dommage de la chose publique, et au profit d'aucuns particuliers. Ces professeurs doivent mieulz être réputé de larrons publiques que ceux qui dérobent les gens en un bois. Un jourg, les peuples leur couperont les têtes. Qu'ils en soient avisés. "


C'est prophétique. Vous voilà prévenus, mes bien chers ex-collègues.

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