jeudi 23 février 2012

Que deviennent les sous que vous mettez sur votre compte bancaire ?

 Stanislas Dupré, dans Que font-ils de notre argent ? Nil
vous raconte.

17 % va servir à accorder des crédits à l'économie locale, à vous, à des entreprises, des collectivités publiques
10 % va financer des États : la France, L’Allemagne, la Grèce, etc., pour payer ce que les impôts ne couvrent pas

Il reste encore les 3/4 de l'argent dont la banque dispose à investir
41% sont placés dans des activités industrielles et les grands groupes.
Par des prêts
Par des émissions d'obligations : la banque aide de grandes entreprises à émettre des obligations qu'elle placera auprès des "investisseurs", contre commission.
Par des placements en obligations et actions.

Il reste un peu moins du tiers des fonds à investir.
13% vont servir à financer d'autres banques, assureurs et établissements financiers. Sous forme d'actions, obligations, prêts, etc. et aussi par "titrisation" en particulier des "crédits subprime".

C'est quoi ces machins ?
Aux USA, vous pouviez ne pas avoir un rond et emprunter le montant pour acheter une maison. Pour un intérêt de 2% la première année. Et avec la hausse de l'immobilier ... no problème. Vive les crédits "subprime". Quel beau nom ! Notez le sub. Pas "super" ! le client aurait dû se méfier.
Mais après deux ans, les mensualités sont multipliées par plus de 6. Les acheteurs ne peuvent payer les traites. Alors il faut vendre la maison. Le marché immobilier s'effondre. La maison est saisie par la banque.

[Tiens, j'ai déjà raconté ça sur ce blog, les banques en France sont agences immobilières. Le Crédit Agricole, les Banques Populaires, etc. ]

Mais des banquiers ont compris à l'avance que les maisons saisies deviendraient invendables. Alors les banques ont revendu à d'autres banques les crédits distribués. Les banques acheteuses ont fabriqué des produits [vous avez remarqué que les fabriques, ateliers, workshops etc. fleurissent ! c'est l'industrie virtuelle qui a toutes les vertus. Même le pourri ne sent pas !] beaucoup de pourri et un peu de colorant. Le tout mélangé, packagé et c'est reparti dans les tuyaux. Ça s'appelle fabriquer des titres, la titrisation. Le titre est découpé en tranche comme les billets de la loterie nationale de nos parents (souvenez-vous, on achetait des dixièmes). Comme ces titres représentaient en grande partie les emprunts des acheteurs de maison et comme ces emprunts avaient maintenant des taux d'intérêts bien plus élevés que lors de leur deux premières années, les titres "nouvelle génération" affichaient une rentabilité très forte.
Ces titres sont ainsi arrivés par exemple à la Sté Générale. En 2007 cette banque annonce une perte de plus de 2 milliards d'euros liée aux subprimes (vous me direz que c'est rien comparé à la dette de la Grèce !), et ça continuera.

Il reste encore un autre placement : les produits dérivés. Attention ! mathématiciens, réveillez-vous. La dérivée, vous savez, le calcul des pentes, la tangente. Ça va glisser !
Nous ne parlons pas des produits dérivés du Nantes Foot Club. Mais de "produits dérivés financiers". Les termes ne sont pas faits pour vous dire ce que ça cache. Il faut faire des études mon cher. Enzyme glouton c'est bon pour la ménagère du XXe siècle.

C'est bien expliqué sur Wikipedia. Citons :
"
À l'origine, les produits dérivés ont été créés pour permettre aux entreprises de se couvrir contre différents types de risques financiers. Le premier a été les risques de cours des matières premières. Par exemple un fabricant de confiture s'engage sur un prix constant sur l'année, il ne peut donc pas répercuter les fluctuations des prix du sucre sur celui des pots de confiture. Quand il détermine le prix de vente de ses pots, il doit donc faire l'hypothèse d'un prix moyen du sucre pour la suite de l'année. S'il achète son sucre au prix du marché pendant le reste de l'année, il peut alors rencontrer deux situations :
  • si le prix réel est en dessous de ses prévisions, il augmente ses marges. Il fait une rentrée d'argent inattendue ;
  • mais si le prix réel augmente cela entraine des problèmes qui risquent d'affecter le processus industriel. Au pire on peut imaginer qu'il n'ait plus assez d'argent pour acheter au prix du marché et qu'il soit obligé de stopper sa production.
Les risques spéculatifs sont donc très asymétriques pour notre fabricant de confiture:
  • en positif une simple entrée d'argent non prévue, qui viendra donc dormir dans la trésorerie de l'entreprise.
  • en négatif un blocage complet de la production.
Il serait donc préférable pour le fabricant de laisser ce risque spéculatif à d'autres... C'est ce qu'il fait en achetant par exemple au 1er janvier des options d'achat pour chacun des mois de l'année.
Une autre utilisation courante est le risque de change par exemple pour une fonderie qui achète la tonne de fonte en dollars et vend des pièces mécaniques en euros."
Bon, on vous renvoie à la suite du texte de Wikipedia.
Vous avez entendu parler des émeutes de la faim...de la spéculation des banques sur les marchés des matières premières agricoles...

 J'ai vu que les candidats  à la présidence de la République sont de bons pères de famille. Ils ont mis leurs sous dans la pierre. Et ils nous disent qu'ils veulent relancer la croissance économique ! moi aussi, mais je me suis débarrassé des OPCM dont j'avais hérité ... avant qu'elles ne valent plus rien. J'en suis moins honteux maintenant que je sais ce que font nos candidats. Un petit plaisir par jour et tout ira bien.
Flute, en continuant à lire le bouquin, que vois-je ... l'assurance vie (l'immortalité pour pas trop cher) est placée sans doute en crédits titrisés et en dérivés. On ne peut s'en tirer à si bon compte.
Attention les yeux, vous êtes cernés disait Coluche.

===========
On m'écrit :
"
L'exposé qui suit laisse croire que les banques ne prêtent que ce 
qu'elles reçoivent en dépôt, ce qui est archi faux! Les banques peuvent 
préter beaucoup plus qu'elles ont! Le "PIB" des produits financiers est, 
je crois, 1000 fois supérieur au PIB mondial."
 
Et je réponds :
"Tu as raison. Les banques créent de la monnaie quand elles font crédit.
Et avec les produits dérivés on va encore plus loin. Aujourd'hui on ne
parle plus de "faire de la cavalerie" avec homme de paille, etc. Le virtuel fait des dégâts bien réels ! "

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