jeudi 19 avril 2012

Naples, vers le cimetière souterrain de la Fontanelle (« Cimitero delle Fontanelle ».) et l'adoption des morts

 Nous vous conseillons la lecture de ce texte de Par Jean-Paul Mari. (Du même auteur vous trouverez :
http://www.grands-reporters.com/Naples-le-salaire-des-enfants.html, , http://www.grands-reporters.com/Nouvel-article,966.html,
Avant de partir à Naples, j'avais vu sur FR3 : http://www.grands-reporters.com/Mafia-Une-semaine-avec-les.html, )
http://www.grands-reporters.com/Naples-sous-terre.html

" Les moines obscurantistes du Moyen-âge avaient inventé le « Purgatoire », pénible étape supplémentaire entre la vie et le paradis. Sans sépultures décentes, les pauvres morts des Fontanelles erraient donc comme des âmes en peine. De leur côté, les Napolitains, entre guerres, misère, peste et choléra, vivaient l’enfer sur terre. Chacun, homme ou femme, adoptait un crâne, le débarrassait de ses souillures, le lavait, le polissait, lui offrait un tapis de velours, des fleurs fraîches et la flamme d’une bougie. Les ménagères déposaient leur cabas plein de poireaux et de gousses d’ail. Et priaient, priaient, jusqu’à ce que leurs murmures sacrés atteignent le purgatoire et réchauffent les âmes transies.
Le vivant adoptait un crâne, lui donnait un nom, prenait soin du mort mais l’âme le lui rendait bien : « Doc Ut Des », « donnant-donnant », un mélange de dévotion, de rite macabre de commerce équitable. Là-haut, suspendu entre deux mondes, l’esprit pouvait éloigner le malin, soigner l’enfant malade, faire revenir le mari adultère et surtout, initié aux secrets de la numérologie, il avait la faculté de révéler le numéro de loto gagnant. Entre le vivant et son crâne, naissait un attachement profond, presque charnel, un amour fou, une passion."

Nous habitions près du haut de la via Duomo. Nous avons traversé et visité le quartier du Sanita, parcouru la rue de la Fontanelle.

 Le cimetière souterrain n'était indiqué par aucune flèche. Mais on nous a renseigné. La visite en cette semaine de la culture était gratuite. Dans l'article cité ci-dessus, il est dit que le lundi il y avait foule. Nous n'étions que trois ce lundi 16 avril 2012, nous et une thésarde française de l'EPHE. Il est dit que le quartier du Sanita est dangereux. Nous nous sommes sentis en sécurité. C'est un quartier populaire. On y a vu des marchands itinérants proposant leurs légumes. Près du cimetières il y a pas mal d'artisans, garagistes, etc. dont les ateliers sont dans des grottes creusées dans le tuf. Au-dessus on a construit de hauts immeubles. Cela semble tenir !
Mais J.P. Mari, dont nous vous conseillons la lecture, nous raconte qu'il peut se passer des terribles effondrements. Et que ces artisans sont aussi souvent des camoristes. Si j'avais lu son texte avant la visite du quartier, peut-être que je ne me serais pas senti en sécurité ! Mais quel intérêt puis-je avoir ... je ne suis pas le coffre d'une banque !


Au début de notre parcours, beaucoup de commerces alimentaires (bien plus que dans d'autres quartiers) et ces palais dont le palais espagnol (en photo, leur état paraît convenable !)
En bas de l'arche se trouve un ascenseur qui monte à la rue qui mène du musée national vers le parc de Capodimente.
Et une ouverture dans le tuf...pour souffler un peu !

Mais on n'a pas fini notre tour ...

Et cet ange ... sans tête. Peut-être qu'il attend qu'on lui en propose une parmi tous les cranes du cimetière !

Et cette poupée - n'est-ce pas une poupée Barbie ? - sur ce squelette ...
Une statue...un corps entier ou presque, de chaque côté ce ne sont pas des massifs de fleurs, mais d'ossements humains !


" De l’or et des diamants, Naples en regorge. Et les pauvres peuvent les toucher de leurs doigts tremblants. En plein centre-ville, via dei Tribunali, deux crânes noirs en bronze, aux fronts défoncés par les caresses des fidèles, marquent l’entrée de l’église des « Âmes du Purgatoire ». La chapelle en soi n’a rien d’extraordinaire. Sauf un escalier menant à une autre église, vaste et souterraine. Six tombes rebondies, des veilleuses électriques bleues et quelques couvertures, - de quoi réchauffer les morts -, mènent à la plus célèbre des jeunes mariées.
Elle est belle, Lucia, avec sa coiffe blanche intacte, ses bijoux et des fleurs toujours fraîches, entourant son crâne à peine verdi par la moisissure. Toutes les femmes de Naples viennent l’embrasser. Toutes connaissent l’histoire de cette jeune roturière amoureuse d’un prince qui lui avait promis le mariage. Las, le jour de ses noces, la famille d’aristocrates a dit non. Et Lucia s’est laissé mourir. D’un chagrin d’amour, comme la sirène Partenopê. "
Voir aussi :
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2009/01/28/les-ames-du-purgatoire-et-autres-curiosites-napolitaines/
Je découvre qu'il n'y a pas qu'à Naples qu'il y a le culte des âmes du Purgatoire.
Voir l'histoire de l'autrichienne Maria Simma, morte en 2004 à Sonntag en Autriche où elle habitait.
http://www.michaeljournal.org/simmaf.htm
On retrouvera des cranes lors de la visite de la Chartreuse de S. Martino et lors de la visite des catacombes de San Gaudosio et de San Gennario (voir nos messages sur ces sujets)

En revenant vers la via Duomo par le même chemin (via Fontanelle, via della Sanita, via dei vergini, vira crocelle a portas gennaro, nous avons pris les photos suivantes (dont un mariage) :
Sur la première, on voit des drapeaux d'équipes de foot flottant au vent.
Vous remarquerez la méthode pour livrer aux étages sans avoir à monter des escaliers.
Sur la "nova invicta " :
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Last_Legion
http://it.wikipedia.org/wiki/L%27ultima_legione
 Une vidéo avec commentaires en italien :
http://www.youtube.com/watch?v=efHEl1rnjTY&feature=related
Pour en savoir plus :
http://bbnapoli.org/news3_fr.php?id_news=455
Des photos en noir et blanc :
http://www.summilux.net/forums/viewtopic.php?t=13612&sid=58ae41b82daa0f1414b38c30263d009a
Un film récent :
http://www.giovannicioni.org/films/in-purgatorio

Il existe une nouvelle de Mérimée  intitulée "Les âmes du purgatoire "(un autre Don Juan)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_%C3%82mes_du_purgatoire

1 commentaire:

Reader Digeste a dit…

Merci pour ce superbe article! J'ai visité Naples en mai et le cimetière des Fontanelles a été l'une des visites les plus marquantes.
C'est vraiment un endroit insolite, qui dégage beaucoup d'intensité. Nous n'étions que 2 à le visiter le jour où nous y sommes allés. Impressionnant!

 
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