mercredi 18 décembre 2013

Baiser des fillettes

"Dans ce pays, où la vigne voisine les vaches et des boisselées de blé, la cave est un lieu entre parenthèses. Au café, les joueurs d'aluette, se contentaient de baiser des fillettes, ce qui, dans le langage local, consiste à descendre petit verre après verre, des petites bouteilles d'un tiers de litre à gros culot, emplies de Gros Plant ou de Muscadet. Ils picolaient. A la cave, le rituel était différent. Certes c'était aussi un lieu d'hommes mais le vin tiré directement de la barrique s'apparentait à une geste rituelle, c'était un soutien à la discussion. Dans la pénombre, le dimanche après-midi, tels des conspirateurs, les hommes déliaient leur langue. Ces peu diseux disaient; ils se disaient, ce qu'ils n'osaient dire à l'extérieur. Échappant à la chape qui pèse sur eux depuis des millénaires, ils se laissaient aller."

Je continue d'explorer la mine que j'ai découverte la semaine dernière, le blog de P. Berthomeau.

P.S.
En arrivant à Nantes, j'ai voulu aller faire un tour à Liré (... demain je pars sur le mont Palatin !). Et on m'a conduit vers Le Pallet (patrie de Pierre Abélard *) pour un premier arrêt ... dans un "caveau". Je me souviens du geste de l'hôte. Il prit un verre posé sur le fut et, de l'index, il enleva la toile d'araignée à l'intérieur. Ensuite il remplit le verre à ras-bord. Je me suis dit que ce remplissage devait être un moyen pour savoir quand il était temps d'arrêter de boire. Depuis, j'ai appris d'un beau-frère marin de la Royale, qu'il en était de même sur les bateaux.

*Jean Jolivet and Henri Habrias, eds., Pierre Abélard. Colloque international de Nantes. (Histoire.) Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2003.

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